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De bien tristes faits ...

Publié par Isabelle

De bien tristes faits ...

Bonjour à toutes et tous,

Après avoir ouvert la page "Justice pour Isabelle" hier sur Face Book, la question m'a été posée de rentrer dans le détail des faits qui m'ont amenés à vouloir rendre publique la guerre que je mène depuis treize ans.

Je ne crois pas que dire celui-ci m'a fait cela, et comme ça, servira ma cause, ce type de dénonciation se rapprochant trop des tabloïds vulgaires qui ne font qu'alimenter notre soif de scandales, en oubliant que derrière ces coups médiatiques très rapidement chassés par d'autres, des êtres humains perdent leur dignité la plus élémentaire.

Que pourrais-je vous dire alors en quelques mots pour que, sans tomber dans le piège du scandale, vous puissiez comprendre l'intenable douleur qui me pousse à essayer aujourd'hui de me construire un cocon au cœur d'une toile qui, même si elle reste virtuelle, est tissée par des êtres humains, tous capables d'empathie, de bonté et de solidarité.

Les faits dont je vais vous faire part sont donc extrêmement graves, tristes et accablants. Ils concernent trois plaintes que j'ai déposées pour avoir subit, et plusieurs fois, le "pire des crimes" qui puisse exister, même si ce "pire des crimes" est trop souvent traduit en justice comme si il était moins important qu'un vol à l'étalage.

J'ai déposé plainte en 2002 contre un industriel, également propriétaire d'une agence de mannequin, parce que ce "Monsieur", après avoir mis une drogue dans mon verre, avait commis l'irréparable, deux ans auparavant....et il n'était pas seul, le crime fût collectif. Lorsque la juge m'a entendue il y a un peu plus d'un an sur ces faits, et donc 14 ans après cette nuit en enfer, je lui ai dit, en fondant en larmes, que ce jour-là on m'avait tuée, et que c'est ce que je ressentais encore aujourd'hui. Il y a eu ma vie avant ce crime, puis il y a eu m'a vie après, et rien n'a plus jamais été comme avant. Avant, je riais, j'étais inconsciente, je n'avais pas peur, je croyais en l'amour que les êtres humains se partagent. Après, j'ai fais semblant de rire, ma conscience me répétant inlassablement qu'il fallait faire attention car l'homme pouvait se transformer en monstre, j'avais peur à tel point j'ai vécu comme une recluse chez moi pendant des années. Je n'étais plus en vie.

En 2010, je suis retournée voir la police pour cette plainte qu'ils avaient enterrée pendant huit ans et, a bout, j'ai aussi déposé plainte pour deux autres crimes.Il fallait que tout cela s'arrête, ces hommes n'avaient pas le droit d'avoir fait ça, d'avoir volé ma jeunesse, mon avenir, mon sourire, ma vie.

J'ai donc déposé une deuxième plainte contre un "photographe", qui était surtout connu pour rabattre des jeunes femmes à des personnalités (chanteurs, acteurs, politiques, ect....) et contre l'un de ses amis, acteur dans l'industrie du porno, ceux-ci m'ayant, comme lors du premier viol, droguée, pour pouvoir ensuite, si lâchement, commettre leur crime. Je précise que j'ai, à cause de l'état de choc qui découle de cet acte terrible, occulté ces faits pendant des années, n'ayant pu raconter précisément ce que j'avais vécu ce soir-là que lors de mon dépôt de plainte, alors que les faits s'étaient produits à la même période que le premier viol. Il est important que je précise ici que je n'ai pas été la seule victime de ces deux prédateurs, il n'y a pas d'autres mots pour les décrire, ceux-ci ayant fait l'objet de plaintes d'autres femmes pour agression sexuelle/exhibitionnisme et viol.

J'ai également déposé plainte contre un publicitaire reconnu dont j'étais amoureuse et qui me le rendait depuis des années en brisant tout ce qu'il restait de vivant en moi. Cette brève description de notre relation reflétant le rapport d'emprise que cet homme avait pu facilement instauré au vu de la fragilité que j'avais développé après la succession de violences que j'avais subies avant notre rencontre. Cet homme était un pervers et de par ma nature même de femme compatissante et altruiste, je me buttais à me dire que tout cela n'était qu'un masque, et que ce masque cachait certainement un cœur aimable et aimant. Mais la réalité fût bien sûr tout autre et la perversion du crime que cet homme a commis en détruisant les restes de l'innocence d'une femme qui donne tout à celui qu'elle aime est doublement choquante par ce fait. Détruire un être humain en n'ayant vu en lui qu'un objet est atroce mais que dire d'un homme qui détruit une femme dont il a vu jaillir toute l'humanité et l'amour du monde ? Est-ce encore un homme ? Il a commis son crime alors qu'il m'avait proposé de passer trois jours avec lui en amoureux sur la croisette lors du Festival de Cannes 2007. Ce qui découle de son effroyable perversion, c'est que cet homme a reproduit les faits que je lui avait confié avoir vécu, il a mis une drogue dans mon verre et, après que je sois tombée dans un trou noir sans fin, m'a, si je puis utiliser ce terme qui se veut normalement emprunt de la plus grande humanité, "partagée" avec d'autres. Le choc fût intenable...même aujourd'hui, je ne trouve pas les mots adéquats pour décrire l'état dans lequel je me suis trouvée à mon réveil et les jours qui ont suivi, j'ai même failli je crois passer de l'autre côté du miroir tellement tout cela était incompréhensible, impossible à intégrer, insupportable à vivre.

Aujourd'hui encore, il arrive très souvent que mon corps, ma mémoire et mon psychisme se retrouvent bloqués dans ce même état de non-vie que j'ai supporté après ce viol et ceux qui l'ont précédés, cela s'appelle la mémoire traumatique et je devrai faire avec elle jusqu'à la fin de mes jours.

.....Voilà donc les faits qui m'ont conduits à partir en guerre, d'abord contre ces hommes, puis contre la police et la justice qui m'ont maltraitée parce que j'avais eu le courage de dire non, ce non ayant ouvert une boîte de pandore depuis trop longtemps fermée, je parle de celle qui renferme les crimes d'autres hommes qui ont, eux aussi, leur bonne image pour eux. Il faut que l'impunité de ces hommes cesse. Le pouvoir, l'argent et les relations ne doivent pas leur faire croire qu'ils ont tous les droits sur autrui, mais qu'au contraire, ce pouvoir, cet argent, ces relations leur donnent des devoirs à tenir envers d'autres hommes et femmes plus vulnérables qu'eux.

Bon dimanche de Noël à tous.

Isabelle